Une quinzaine de personnes atteintes de maladies dues, selon elles, aux pesticides ont manifesté lundi 27 février, au Salon de l'agriculture, à Paris. Elles demandent le classement de ces affections en "maladies professionnelles" et le retrait des produits dangereux.

"L'objectif est de montrer qu'il y a plus de victimes que ce que l'on pense", a expliqué Paul François, président de l'association Phyto-Victimes, et auteur d'une première judiciaire en France en remportant, le 13 février, son procès contre le leader mondial de l'agrochimie, Monsanto. La justice a reconnu que la firme était "responsable" d'une intoxication à l'herbicide subie par ce céréalier charentais, qui l'a obligé à interrompre son activité pendant près d'un an.

Les agriculteurs dénoncent une "omerta"

Des agriculteurs, ainsi que les veuves de quatre d'entre eux, mais aussi des dockers et des employés d'entreprises agroalimentaires, qui manipulent les pesticides, se sont retrouvés devant le stand de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), qui représente les industriels des pesticides. La Confédération paysanne (CP) estime, dans un communiqué, qu'il est "urgent de s'engager sur la voie de la réduction de l'utilisation des pesticides", dont la "consommation a augmenté de 3% depuis 2008 alors que l'objectif est de la réduire de 50% d'ici 2018".

Pour l'instant, la Mutuelle sociale agricole n'a reconnu "qu'une petite cinquantaine de cas" de maladies professionnelles en lien avec les pesticides, selon Phyto-Victimes. "Il existe une omerta chez les médecins et les agriculteurs. Nous ne voulons pas mettre les paysans les uns contre les autres : ceux qui font du productivisme sont victimes", eux aussi, des pesticides, souligne Jacky Ferrand, un viticulteur qui a perdu son fils de 41 ans, également viticulteur, victime d'un cancer de la vessie dû aux pesticides, affirme-t-il.

"Par nature, tout produit peut être dangereux"

"On a joué aux apprentis sorciers pendant des années. On nous a dit que les produits n'étaient pas dangereux", dénonce l'homme, pour qui les conseils de protection des fabricants sont impossibles à mettre en œuvre : "Vous me voyez faire mon job au milieu des vignes avec un scaphandre ?" Pour Paul François, "les agriculteurs sont prêts à changer leurs méthodes, il faut leur en donner les moyens et que les firmes s'y mettent aussi".

"Par nature, tout produit peut être dangereux (…) Il faut réagir au cas par cas", a répondu Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'UIPP. "75% des produits qui étaient disponibles dans les années 1990 ne sont plus aujourd'hui sur le marché", s'est-il défendu.

Une réunion avec le cabinet du Premier ministre, François Fillon, sera organisée "dans la semaine", a indiqué un de ses membres, présent sur le salon. Ce pourrait être mercredi, selon Le Nouvel Obs, qui rapporte que Dacian Ciolos, commissaire européen en charge de la Politique agricole commune, leur a également "donné rendez-vous à Bruxelles à une date encore indéterminée".

FTVi avec AFP