Le Commissaire européen à l'Énergie Günther Oettinger plaide pour des normes continentales.

« On ne peut pas dire non d'emblée à une énergie », a déclaré Connie Hedegaard vendredi dernier au sujet de l'exploitation des gaz de schiste. Des propos certes empreints de bon sens sortis du contexte mais qui pourraient tout de même décontenancer nombre d'éco-citoyens dans la mesure où ils émanent de la Commissaire européenne à l'Action pour le climat, celle-là même qui tient tête aux compagnies aériennes depuis de longues semaines pour leur imposer un système d'échange des quotas d'émissions de CO₂ particulièrement controversé et qui ambitionne d'instaurer des normes environnementales et qualitatives en vue de limiter les importations de pétrole issu de l'exploitation des sables bitumineux et des hydrocarbures de roche-mère sur le Vieux Continent.

On l'a évoqué à maintes reprises, l'exploitation de ces dernières n'est de surcroît pas franchement ce qui se fait de mieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique, ne serait-ce qu'au regard des importants moyens logistiques qu'elle mobilise. Seule méthode d'extraction actuellement au point et nommément interdite dans nos frontières, la fracturation hydraulique est quant à elle antinomique de la protection de la planète et de ses habitants, le « cocktail » comportant d'importantes doses de produits chimiques à même de polluer durablement les nappes phréatiques. Sans parler des hausses suspectes de l'activité sismique observées aux abords de certains gisements américains et britanniques et des prélèvements effectués dans des eaux de Pennsylvanie ayant fait état de taux de méthane et de radioactivité très supérieurs aux limites autorisées…

« Nous avons besoin d'un haut niveau d'acceptation »

Passant outre toutes ces considérations, M^me Hedegaard a implicitement désavoué la position des autorités françaises, lesquelles viennent tout juste d'abroger trois permis exclusifs d'exploration et, sous la pression de populations concernées, d'élus locaux et d'écologistes impressionnants de détermination, avaient préalablement adopté une législation contraignante pour les pétroliers, sans pour autant leur fermer la porte à double tour. Elle s'est par ailleurs dite opposée à un moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste en Europe, en d'autres termes à la suppression de la souveraineté nationale en la matière, ce que la Pologne, qui dispose du plus important potentiel continental d'hydrocarbures de roche-mère et entend bien l'exploiter à fond (NDLR : elle a annoncé le mois dernier que l'exploitation commerciale allait débuter en 2014), a dû apprécier. Longtemps favorable à une européanisation des débats, Varsovie a en effet révisé sa position le 3 octobre dernier, invoquant dans une étude « la complexité et l'ampleur du débat ».

Une volte-face qui est intervenue peu après que M. Oettinger, très tarissable sur la question jusque là, ait proposé la mise en place de standards communs qui seront soumis à l'approbation des États membres au printemps prochain. « Je pense que les gaz non-conventionnels ont besoin d'un haut niveau d'acceptation. Nous devons avoir de hautes exigences en matière de sécurité et de normes environnementales », a-t-il estimé.

Les tractations promettent d'être mouvementées.